À la faveur de beaucoup d’expériences, on a constaté que l’enrichissement du vocabulaire était propre à cet âge. Naturellement, il s’agit de mots employés dans le milieu où vit l’enfant; un milieu cultivé lui offrira plus d’occasions; mais quel que soit le milieu, l’impulsion naturelle de l’enfant est d’absorber le plus grand nombre possible de mots: il en est comme affamé. Si on ne l’y aide pas, il en fera la conquête avec fatigue et désordre; notre aide consistera à lui en offrir, ce qui réduira son effort, en les lui présentant avec ordre.

Maria Montessori – L’esprit absorbant de l’enfant

Les images classifiées sont un des outils qui permettent à l’enfant d’enrichir son vocabulaire et lui présentant des nouveaux mots. Cet enrichissement du vocabulaire sera une fondation pour l’apprentissage de l’écriture et de la lecture.

Les images classifiées sont une collection d’environ 8 images sur un thème. Elles sont rangées dans une pochette. Cette pochette contient une série avec les images, une série avec à la fois les images et les noms et une série avec seulement les noms.

Dans un premier temps, quand l’enfant n’est pas lecteur, nous utilisons seulement les cartes non renseignées, celles avec seulement l’image. Nous sortons les cartes une à une, les nommons avec l’enfant et entamons une petite discussion en posant des questions à l’enfant et en lui donnant des faits intéressants sur l’objet ou l’animal représenté sur l’image.

Il est ensuite possible de proposer à l’enfant d’utiliser les deux séries d’images de la pochette et de les mettre en paires. Il est également possible de faire cette mise en paires à distance en nommant chaque image et en allant chercher l’image identique placée plus loin dans la pièce. Il est également possible de combiner deux séries pour ensuite les trier (légumes/fruits) ou de faire un jeu de devinettes en utilisant les cartes de la pochette.

Dans un deuxième temps, quand l’enfant est lecteur, il peut reprendre les images classifiées et associer le nom (ticket de lecture) à l’image correspondante.

La soif de mots des enfants de cet âge est insatiable, la possibilité d’en apprendre, illimitée, alors qu’il n’en est pas ainsi dans la période suivante : ce sont d’autres facultés qui se développent alors, et il est plus difficile de se rappeler des mots spéciaux. Nous avons observé que les enfants qui avaient eu l’opportunité d’apprendre tôt ces mots se les rappelaient et les adoptaient facilement en les retrouvant, plus tard, à l’école, à huit ou neuf ans, et même plus tard ; d’autres enfants qui les entendaient pour la première fois éprouvaient  des difficultés à les saisir.

Maria Montessori – L’esprit absorbant de l’enfant, p.141